Lors de mon dernier voyage dans le sud de la France, j’ai découvert un lien surprenant entre l’écrivain Jules Verne et la magnifique cité médiévale de Carcassonne. Peu de gens savent que l’auteur des « Voyages extraordinaires » a situé l’intrigue de son roman « Clovis Dardentor » dans cette ville fortifiée. Cette découverte m’a immédiatement donné envie d’explorer Carcassonne sous un angle littéraire, suivant les traces de ce génie visionnaire de la littérature.
Jules Verne et son lien méconnu avec Carcassonne
Avant de poser mes valises à Carcassonne, je connaissais Jules Verne pour ses récits d’aventures extraordinaires comme « Vingt mille lieues sous les mers » ou « Le Tour du monde en quatre-vingts jours ». Mais j’ignorais complètement son roman « Clovis Dardentor », publié en 1896, qui se déroule en partie dans cette cité médiévale du sud de la France.
Ce fut une révélation pour moi, passionné de littérature et d’histoire, de découvrir cette connexion entre l’un des écrivains les plus visionnaires de son temps et cette forteresse impressionnante. Jules Verne n’a séjourné que brièvement à Carcassonne, mais la ville l’a suffisamment marqué pour qu’il en fasse un décor de son roman.
Qui était Clovis Dardentor?
Le personnage éponyme du roman est un riche célibataire excentrique de Perpignan qui entreprend un voyage en Algérie. En chemin, il fait escale à Carcassonne où il rencontre deux jeunes cousins, Jean Taconnat et Marcel Lornans, qui cherchent à se faire adopter par lui pour hériter de sa fortune.
Ce qui m’a particulièrement touché dans cette histoire, c’est le mélange typique de Verne entre aventure, humour et descriptions précises des lieux. Dans les pages consacrées à Carcassonne, on retrouve cette minutie géographique qui caractérise l’auteur, comme s’il avait voulu cartographier la cité par les mots.
Sur les pas de Jules Verne dans la cité médiévale
Armé de mon exemplaire de « Clovis Dardentor », j’ai décidé d’explorer la cité en suivant l’itinéraire décrit par Verne. Ma fille de 7 ans m’accompagnait, ravie de participer à cette « chasse au trésor littéraire » comme elle l’appelait. Les descriptions de Verne sont si précises qu’elles servent presque de guide touristique, même plus d’un siècle après leur rédaction.
Notre première étape fut la Porte Narbonnaise, l’entrée principale de la cité, que Verne décrit avec une admiration non dissimulée. Debout devant ces imposantes fortifications, j’ai lu à haute voix le passage où l’auteur évoque « ces murailles formidables, ces tours majestueuses » – ma fille a levé les yeux, comparant la réalité à la fiction, avec un sourire émerveillé.
La Basilique Saint-Nazaire vue par Jules Verne
Dans « Clovis Dardentor », Verne accorde une attention particulière à la Basilique Saint-Nazaire, joyau gothique de la cité. En pénétrant dans l’édifice, j’ai été frappé par la justesse de ses observations sur les vitraux qui « tamisent une lumière multicolore ».
Assis sur un banc de la nef, j’ai laissé ma fille explorer les recoins de la basilique pendant que je relisais les passages du roman. C’est fascinant de constater comment Verne a capturé l’essence même de ce lieu sacré, son atmosphère particulière qui traverse les siècles sans perdre de sa magie.
Les contrastes entre la Carcassonne de Verne et celle d’aujourd’hui
Ce qui m’a le plus surpris lors de cette exploration littéraire, c’est de constater à quel point certains aspects de Carcassonne ont changé depuis la visite de Verne, tandis que d’autres sont restés remarquablement intacts. La cité que décrit l’auteur était moins touristique, plus authentique peut-être, mais déjà consciente de son patrimoine exceptionnel.
Aujourd’hui, les boutiques de souvenirs et les restaurants pour touristes ont envahi les ruelles, créant parfois un sentiment de parc à thème médiéval. Pourtant, il suffit de s’écarter des axes principaux pour retrouver l’atmosphère que Verne a pu connaître – surtout tôt le matin ou en soirée, quand les groupes de visiteurs se font plus rares.
Conseils pratiques pour une visite littéraire
Si vous souhaitez suivre mes pas et découvrir Carcassonne à travers le regard de Jules Verne, voici quelques conseils qui vous seront utiles :
- Procurez-vous une copie de « Clovis Dardentor » avant votre voyage – les passages sur Carcassonne se trouvent dans les premiers chapitres
- Visitez la cité tôt le matin (avant 10h) ou en fin de journée pour éviter les foules et mieux imaginer la ville telle que Verne l’a connue
- Prévoyez une journée entière pour explorer tranquillement les lieux mentionnés dans le roman
- N’hésitez pas à demander à l’office de tourisme s’ils proposent un parcours « Jules Verne » – sinon, créez le vôtre!
- Emportez un carnet pour noter vos impressions en comparant les descriptions de Verne avec la réalité
Une expérience familiale inoubliable
Ce qui devait être une simple exploration littéraire s’est transformé en une aventure familiale mémorable. Ma fille, d’abord peu enthousiaste à l’idée de « suivre un vieux monsieur à moustache » comme elle disait, s’est prise au jeu et a fini par demander à lire d’autres livres de Jules Verne.
Un soir, attablés dans un petit restaurant de la cité basse, nous avons imaginé Clovis Dardentor et ses jeunes compagnons parcourant ces mêmes rues, observant ces mêmes remparts. La littérature a ce pouvoir magique de superposer les époques, de nous faire voyager dans le temps tout en nous ancrant plus profondément dans le présent.
Un voyage dans le voyage
Explorer Carcassonne à travers les yeux de Jules Verne a donné une dimension supplémentaire à mon séjour. Au-delà des informations historiques traditionnelles sur les Cathares ou les techniques de fortification, j’ai découvert la cité comme un lieu d’inspiration littéraire, un décor romanesque.
Si vous êtes comme moi, amateur de voyages qui conjuguent culture, histoire et littérature, je vous recommande vivement cette expérience. Carcassonne révèle une nouvelle facette d’elle-même quand on la parcourt avec « Clovis Dardentor » en main, et Jules Verne se révèle, une fois de plus, un compagnon de voyage extraordinaire, capable de nous faire redécouvrir des lieux que nous pensions connaître.
En quittant la cité après trois jours d’exploration, j’ai ressenti cette douce mélancolie qui accompagne la fin des belles aventures. Mais comme tout bon lecteur de Jules Verne le sait, la fin d’un voyage n’est que le prélude au suivant. Et quelque part sur une étagère m’attend déjà un autre roman, une autre ville, une autre aventure littéraire à partager avec ma fille devenue, grâce à Carcassonne et Jules Verne, une exploratrice en herbe.
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